Une histoire du coulisse de
"Huit Chansons pour un Roi Fou"
Son interprétation du Roi Georges III dans "Huit Chants pour un Roi Fou " de Péter Maxwell Davies fut vraiment magistrale. La première, au Queen Elisabeth Hall le 22 Avril 1969, fut un événement que je n'oublierai jamais. Roy non plus - et pour cause ! Il avait travaillé très dur sur le texte et sur la partition qui nécessitait toute l'étendue de ses possibilités vocales. L'étude de cette musique complexe mit à l'épreuve jusqu'à leurs limites ses aptitudes musicales. Le Queen Elisabeth Hall était un endroit prestigieux, et tous les membres du Roy Hart Théâtre étaient très excités en cette importante occasion. J'étais assis dans la salle avec d'autres membres, nous attendions l'événement avec impatience.
George III était censé avoir eu des conversations avec ses oiseaux favoris. Il y avait donc plusieurs cages dorées, à différents niveaux autour de la scène. Dans chaque cage se trouvait un musicien représentant un oiseau, avec qui le Roi devait " discuter ". Roy était magnifique dans ses robes de cérémonie, mais je savais qu'elles étaient extrêmement lourdes et qu'il était difficile de se déplacer dans ce costume. Les projecteurs fixes éclairaient uniquement les cinq musiciens, tandis que Roy avait un projecteur-poursuite, blanc, aveuglant. Une telle lumière brillante se détachant dans un espace par ailleurs sombre est extrêmement perturbant. Toutefois, tous les effets dramatiques de la mise en scène étaient impressionnants ce soir-là, et la représentation commença vraiment bien.
On pouvait sentir que le public appréciait l'atmosphère de la pièce. C'est alors que se produisit la catastrophe. Je fus paralysé d'impuissance quand je vis ce qui allait arriver. Roy était en train de chanter, en vérité comme un oiseau, allant d'un musicien à l'autre, lorsque, ne voyant pas qu'il y avait un vide devant lui, il tomba directement dedans. Heureusement la dénivellation n'était que d'un mètre cinquante et il était retombé sur ses pieds, mais il s'était heurté le côté contre l'angle aigu de la tribune.
Il était clair qu'il était perturbé, mais en grand artiste qu'il était, il continua à jouer sans marquer la moindre pause. Il parvint à inclure dans son jeu le choc et la douleur, les exprimant en un chant tout à fait remarquable, et je crois que la plupart des spectateurs ne s'aperçurent de rien. La pièce s'achevait avec ironie sur ces mots : " Le pauvre gars, il va mourir en hurlant, en hurlant, en hurlant. " Bien sûr, ils n'étaient pas destinés à Roy... mais il est hors de doute que ces mots avaient un sens particulier pour lui à cette première représentation. Par la suite on apprit qu'il s'était fracturé trois côtes. Lorsque je lui dis que j'avais vu ce qui allait se passer en étant incapable d'intervenir, il me répondit à sa manière " eh bien, pourquoi n'as-tu pas crié "attention, Roy, tu vas tomber !" avant qu'il ne soit trop tard ! " Pour moi, cette représentation avait été une parfaite démonstration d'un des principes de base de Roy pour le théâtre " Quoi qu'il arrive, incluez-le ! "
The above text is an extract from the book "A Celebration of Life"